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L’intentionnalité spiralée

  • anthonysophrologie
  • 9 sept.
  • 2 min de lecture

Nous comparons souvent la conscience à un rayon de lumière, une sorte de projecteur qui éclaire un objet. Cette image, héritée de Husserl et de la phénoménologie classique, souligne le caractère intentionnel de la conscience : elle est toujours « conscience de quelque chose ».

Mais cette métaphore, aussi claire soit-elle, peut se compléter. Car dans l’expérience vécue, la conscience ne se contente jamais de viser un objet isolé. Elle le situe toujours dans un monde, dans un horizon qui le dépasse. Je ne vois pas seulement une tasse : je la vois sur une table, dans une pièce, baignée de lumière, entourée d’un silence ou d’un bruit. Autrement dit, je ne perçois pas un fragment nu, mais une chose dans le Tout.


C’est ici qu’une nouvelle image peut émerger. Plutôt que de penser la conscience comme un rayon linéaire, nous pouvons la concevoir comme une spirale vivante.

  • Elle garde son orientation : chaque acte vise bien un objet.

  • Mais cette visée est toujours enveloppée dans un horizon circulaire, un Tout qui lui donne sens.

Elle n’est pas un cercle fermé, qui enfermerait la conscience en elle-même. Elle est une circularité ouverte, dynamique, qui part du monde, vise un objet, et revient au monde enrichie d’une nouvelle, ou plusieurs significations.


Mais qu’est-ce que ce Tout ?

Il ne s’agit pas d’une totalité abstraite, ni d’un absolu métaphysique. Le Tout, en phénoménologie, est le monde vécu ( la somme du monde "survécu" et "souvécu") : la trame silencieuse qui accompagne chaque expérience.

Quand je vois une tasse, le Tout n’est pas "l’univers tout entier", mais le champ dans lequel elle s’inscrit : la pièce, la table, le corps qui la saisit, l’atmosphère dans laquelle je suis immergé. Ce Tout est ce qui rend possible toute visée. Il est l’horizon implicite de la conscience.

Ainsi, la conscience n’est pas un rayon détaché du monde : elle est toujours tissée dans une totalité qui l’accueille.


La spirale est ouverte. Elle s’élargit sans fin. Elle traduit le fait que chaque acte de conscience n’est pas seulement retour vers le monde, mais aussi ouverture à ce qui excède toute expérience immédiate : l’inconnu, l’autre, l’inédit.

Cette dimension rejoint Levinas, qui rappelle que la conscience est toujours appelée au-delà d’elle-même par le visage de l’autre. La spirale respecte donc la dynamique de l’intentionnalité : enracinée dans le monde, mais jamais enfermée.


Penser l’intentionnalité comme spirale, c’est reconnaître que nous ne sommes pas des projecteurs solitaires pointant vers des objets, mais des êtres pris dans une danse de résonances. Chaque acte de conscience est une boucle ouverte : il part du monde, vise un objet, retourne au monde, et s’ouvre à ce qui dépasse.

La lumière de la conscience n’est donc peut-être pas une flèche, mais une spirale : un mouvement vivant, enraciné dans le Tout, et toujours ouvert à l’autre.


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